Les vibrations, un risque professionnel sous-estimé

Le terme vibration mécanique fait référence à des oscillations mécaniques qu’un objet ou un appareil peut émettre sur un point d’équilibre. Avec l’utilisation plus ou moins régulière de certains engins ou appareils, de nombreux travailleurs sont constamment exposés à ces types de vibrations. Cette situation peut entrainer des risques considérables pour la santé physique des salariés. Dans ce guide, nous vous disons l’essentiel à savoir au sujet de ces vibrations et les moyens de prévention à adopter pour les éviter.

Les vibrations mécaniques, de quoi s’agit-il ?

Les vibrations ou pulsations mécaniques, comme nous l’évoquions plus haut, sont des oscillations mécaniques qui sont émises par certains appareils. Ces derniers sont notamment employés dans le cadre professionnel par des travailleurs de tout genre. En France, une récente investigation a révélé que près de 2 millions de travailleurs seraient exposés aux risques de pulsations mécaniques.

Sur le plan technique, les oscillations mécaniques sont caractérisées par des mouvements oscillatoires qui sont définis par de nombreux facteurs. Pour évaluer le degré ou l’impact de ces oscillations, la proximité avec l’appareil qui génère les mouvements est l’un des indicateurs les plus importants.

Néanmoins, 3 principaux facteurs permettent d’évaluer l’existence ou le niveau des pulsations mécaniques. Il s’agit de l’amplitude, de l’accélération et de la fréquence de ces oscillations. L’amplitude fait référence à la distance maximale d’exposition et elle conditionne l’intensité des pulsations mécaniques. En ce qui concerne l’accélération, elle désigne la variation de la vitesse de l’objet vibrant entre le passage à zéro et la valeur maximale pendant chaque cycle de vibration. Enfin, la fréquence des oscillations détermine les effets de ces dernières sur le corps. Selon qu’il s’agit de basses fréquences (inférieures à 50 Hertz) ou de hautes fréquences (supérieures à 50 Hertz), les effets varieront.

Quels sont les différents types de vibration reconnus par la réglementation ?

De nombreuses dispositions réglementaires sont prévues en ce qui concerne l’exposition des travailleurs aux risques des pulsations mécaniques. Ainsi, la réglementation distingue notamment 2 grandes catégories de pulsations mécaniques. Il s’agit notamment :

Des oscillations qui sont transmises à l’ensemble du corps

Il s’agit ici de la catégorie la plus importante. Dans certains cas spécifiques, les pulsations émises par les engins ou appareils sont transmises directement à l’ensemble du corps. Sont essentiellement concernées dans ce contexte les oscillations qui proviennent des véhicules et des machines industrielles fixes. L’utilisation plus ou moins régulière de ces engins affectera le corps dans sa globalité et entrainera des troubles musculo–squelettiques dans plusieurs zones ou sections de l’organisme.

Des vibrations qui sont transmises aux membres supérieurs

Dans certains cas précis, les pulsations mécaniques qui sont émises par les appareils ou machines affecteront uniquement les membres supérieurs. Il s’agit notamment des bras, de l’avant-bras, des poignets, des mains et des coudes. Ces régions sont affectées par les pulsations lorsque le travailleur emploie régulièrement les outils ou les machines portatives qui sont guidées à la main.

Quels sont les secteurs professionnels les plus concernés par les risques de pulsations mécaniques?

En France comme partout ailleurs dans le monde, de nombreuses professions sont concernées par les pulsations mécaniques. Parmi les outils ou machines qui sont sujets aux oscillations mécaniques, on retrouve essentiellement les machines vibrantes et les appareils portatifs. Ces appareils sont généralement employés par les personnes qui évoluent dans le secteur de la construction ou généralement celles qui exercent l’un des nombreux métiers du BTP. Par ailleurs, les salariés qui exercent dans le domaine de la mécanique, de la menuiserie, de la métallurgie et du travail forestier sont aussi concernés.

Dans le cadre de leur profession, ces personnes utilisent habituellement des outils à main vibrants, ou pneumatiques tels que les tronçonneuses, les marteaux-piqueurs, les perforateurs, les meuleuses, les brise-bétons, et les clés à choc.

Aussi, les risques d’exposition aux vibrations mécaniques sont présents chez les personnes qui emploient au quotidien :

  • les véhicules de transport de marchandises,
  • les engins de manutention,
  • les tracteurs ou tractopelles,
  • les chariots automoteurs,
  • les niveleuses,
  • les bouteurs,
  • et les compacteurs.

Ces appareils qu’ils soient utilisés de manière régulière ou ponctuelle exposent les travailleurs à des risques relativement élevés que comportent les pulsations mécaniques.

Quels sont les risques liés à une exposition aux pulsations mécaniques ?

Les risques que peuvent comporter une exposition forte aux oscillations mécaniques sont à la fois d’ordre physique et psychologique.

Les risques ostéo-articulaires portant sur les membres supérieurs

Pour les personnes qui exercent les professions décrites ci-dessus, les risques de survenance de troubles ostéo-articulaires sur les membres supérieurs sont importants. En fonction du degré ou du niveau d’exposition, la forme des pathologies sera différente. On parle habituellement d’épicondylite et d’épitrochléite. Il s’agit de tendinites du coude qui peuvent entrainer des douleurs vives dans cette section du corps. En dehors du risque de tendinite, et toujours au rang des risques ostéo-articulaires, il faut relever l’arthrose hyperostosante du coude et l’ostéonécrose des poignets. Ces pathologies auront pour conséquence directe la limitation partielle ou définitive de la mobilité des articulations.

Ces risques surviennent en raison de la manutention ou de la manipulation des engins, mais ils peuvent aussi résulter de la mauvaise posture adoptée lors des travaux.

Les troubles vertébraux et les risques de neuropathies

Les risques qui résultent d’une exposition aux oscillations ne se limitent pas qu’aux points évoqués ci-dessus. Cette situation peut aussi être à l’origine de sérieux troubles vertébraux. Ces derniers sont provoqués par les forces compressives et de cisaillement répétées principalement aux jonctions dorsolombaires et lombo-sacrées. De manière concrète, les expositions entraineront des lombalgies, des cervicalgies et des cruralgies chez le professionnel. Pour les conducteurs des engins lourds qui restent en position assise durant de longues heures, le risque est plus élevé.

D’autre part, il faut savoir que les pulsations mécaniques peuvent causer des troubles neuropathiques plus ou moins importants. En substance, ce phénomène entraînera une diminution tactile des doigts, une perte de la dextérité manuelle et des fourmillements intermittentes ou persistantes dans les mains. Le syndrome du canal carpien figure également parmi les risques neuropathiques que peuvent comporter une ambiance caractérisée par de fortes pulsations mécaniques.

Les risques vasculaires et les troubles vestibulaires

La répétition des chocs sur le talon de la main peut favoriser la naissance du syndrome du marteau hypothénar. Cela provoquera essentiellement une formation de caillots ou une dilatation au niveau des artères digitales. Aussi, les ambiances vibratoires par agression capillaire peuvent causer des œdèmes vasomoteurs des mains.

Par ailleurs, les oscillations mécaniques peuvent causer des troubles vestibulaires considérables. Ceux-ci sont particulièrement liés aux pulsations de très basse fréquence des transports. On retrouve ici les troubles neuro-végétatifs comme les vertiges, la nausée, les vomissements et les troubles visuels. Dans cette dernière catégorie, les personnes affectées manifesteront une baisse de l’acuité visuelle et des difficultés de lecture. Aussi, de sérieux troubles de la coordination œil vestibule sont rapportés par les professionnels de la santé.

L’évaluation de ce risque doit figurer dans le Document Unique d’Evaluation des Risques Professionnels (DUERP). Ainsi, doivent y être recensées les mesures de prévention actuellement en place dans l’entreprise et celles qu’il convient de mettre en place.

Quelles mesures préventives adopter pour limiter les risques d’exposition aux pulsations mécaniques ?

Voici essentiellement les mesures de prévention des risques liés aux pulsations mécaniques :

La réduction de l’intensité vibratoire

Il s’agira ici de baisser l’intensité vibratoire en s’attaquant directement à la source de celle-ci. Cela peut résider dans le choix des machines ou dans l’intégration à ces dernières, des dispositifs qui visent à limiter la transmission des pulsations au corps.

L’aménagement ou la réorganisation du cadre de travail

Dans le secteur professionnel, la réduction des risques susmentionnés passera nécessairement par un réaménagement des lieux. Le chef d’entreprise devra entre autres rénover les voies de circulation et réduire le temps de conduite des engins concernés. Ils devront aussi veiller à la limitation de la vitesse de circulation des engins et à un entretien régulier de l’espace de travail.

Il faudra favoriser les dispositifs qui visent à éviter le refroidissement des mains des opérateurs, facteur important d’apparition des troubles vasculaires. Dans la mesure du possible, il faudra également miser sur des machines qui comportent des poignées chauffantes. Aussi, le port des gants antivibratoires ou de ceintures dorsolombaires doit devenir un impératif pour les personnes qui exercent leurs fonctions dans un environnement à risque.

La limitation de la durée d’exposition au moyen d’une diversification des tâches doit aussi être envisagée.

La mise en place d’un mécanisme de surveillance médicale

Parmi les moyens de prévention les plus efficaces, la surveillance médicale figure en très bonne position. Le but ici est de suivre régulièrement les personnes qui travaillent dans un environnement qui est dominé par les oscillations mécaniques. Il s’agira concrètement de réaliser un dépistage précoce des pathologies liées aux pulsations mécaniques chez les travailleurs exposés. Cela doit être effectué au moyen d’interrogatoires répétés lors des visites médicales et par des explorations fonctionnelles. Concernant ce dernier volet, les professionnels du domaine de la santé recommandent généralement un électromyogramme (EMG) afin de déceler rapidement des éventuels troubles de la conduction nerveuse.

Qu’est-ce qu’il faut retenir ?

Gardez à l’esprit qu’une forte exposition aux vibrations mécaniques entraîne des risques très importants sur la santé physique et psychologique. Pour limiter ces inconvénients, il faudra adopter les mesures de prévention listées dans ce guide. En plus de garantir le bien être des travailleurs, elles amélioreront la sécurité au travail au travers de planning et de mécanismes plus efficaces.

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