Hyperconnexion au Travail : Entre Défis et Solutions

Un constat alarmant

Une étude menée par l’Observatoire de l’infobésité et de la collaboration numérique (OICN) révèle que les salariés français, en moyenne, envoient 38 courriels par semaine et en reçoivent 144. Cependant, cette hyperconnexion affecte davantage les managers et les dirigeants, mettant en péril leur santé mentale et la performance organisationnelle.

L’infobésité chez les Managers et Dirigeants

  • Courriels Intenses : Les managers envoient en moyenne 47 courriels par semaine et en reçoivent 194. Les dirigeants, quant à eux, sont à l’origine de 78 courriels hebdomadaires et doivent en traiter 331 dans leur boîte de réception. Cette surcharge informationnelle, baptisée « infobésité, » réduit considérablement le temps de concentration des managers à seulement 11 heures par semaine.
  • Effets Néfastes : L’infobésité génère du stress et de l’épuisement, constituant une véritable pénibilité numérique. Elle nuit également à l’efficacité organisationnelle et à la communication interne.

Impact sur la Santé et la Performance

  • Stress et Épuisement : La prolifération des courriels a des effets néfastes sur la santé psychologique des employés, créant un environnement stressant et épuisant.
  • Efficacité Organisationnelle : Seulement 16 % des courriels reçus font l’objet d’une réponse, et 25 % sont générés par le « Répondre à tous, » créant un « bruit numérique » peu efficace.

Évolution des Modes de Communication

  • Réunion Physique Résistante : En moyenne, les collaborateurs passent 2h47 en réunion chaque semaine, mais le temps en réunion a diminué de 8 % en moyenne grâce à l’essor des outils numériques collaboratifs.
  • Visioconférences en Hausse : Les salariés passent en moyenne 4h16 en visioconférence par semaine, avec des variations significatives selon le niveau de responsabilité.

Risques de l’Hyperconnexion

  • 31 % des Salariés Concernés : Actuellement, 31 % des salariés français sont exposés à une hyperconnexion élevée ou critique, dépassant ainsi les recommandations du droit à la déconnexion instauré en 2017.

Promouvoir un Usage Raisonnable des Outils Numériques

  • Droit à la Déconnexion : Malgré le droit à la déconnexion, les dirigeants se reconnectent en moyenne 117 soirées par an, soulignant la nécessité d’une meilleure régulation.
  • Usage Raisonné : L’Observatoire plaide pour un usage plus raisonné des outils numériques, soulignant notamment les effets néfastes des notifications constantes et la nécessité de prévenir les risques psychosociaux.

Conclusion

La banalisation des outils numériques appelle à une évaluation approfondie des risques encourus par les salariés et l’entreprise. Il est impératif de trouver un équilibre entre la productivité numérique et le bien-être des travailleurs.

Propositions de l’UNSA pour l’emploi des seniors et la prévention de l’usure professionnelle

La concertation sur la réforme des retraites a débuté avec un focus sur l’emploi des seniors et la prévention de l’usure professionnelle. Lors de cette réunion bilatérale, l’UNSA a présenté ses propositions visant à remédier à la situation, rappelant que la moitié des seniors ne sont plus en emploi au moment de prendre leur retraite. Plusieurs axes d’action sont nécessaires et urgents.

Améliorer le maintien en emploi des seniors

L’UNSA a suggéré au ministère du Travail les mesures suivantes :

  • Rétablir l’obligation de négocier des accords d’entreprise et de branche en faveur de l’emploi des seniors.
  • Créer un index dédié aux seniors.
  • Rendre obligatoire le rendez-vous du Conseil en évolution professionnelle (CEP) pour tous à l’âge de 45 ans (40 ans pour les salariés exerçant des métiers pénibles).

Faciliter le retour à l’emploi des seniors

  • Renforcer et cibler l’accompagnement des demandeurs d’emploi seniors.
  • Maintenir les dispositions actuelles de l’assurance chômage pour les seniors.

Les transitions entre l’activité et la retraite

L’UNSA demande le renforcement de l’accès à la retraite progressive et son extension à la Fonction publique.

Pour une meilleure connaissance de ces dispositifs, l’UNSA propose également que les employeurs et le Conseil en évolution professionnelle (CEP) soient tenus de fournir une information complète, et que les sites web des organismes de retraite intègrent une simulation de ces dispositifs.

Prévention de l’usure professionnelle et de la pénibilité

Les mesures préconisées par l’UNSA comprennent :

  • Rétablir le compte personnel de prévention de la pénibilité (C3P) en incluant à nouveau les 4 critères de pénibilité supprimés en 2017 (manutentions manuelles de charges, postures pénibles, vibrations mécaniques, agents chimiques dangereux).
  • Renforcer les contrôles dans les entreprises pour garantir la déclaration effective des expositions à la pénibilité.
  • Aménager les carrières et la fin de carrière des seniors en réduisant le temps de travail en fin de carrière et en interdisant l’exposition à la pénibilité au-delà d’un certain âge ou d’une certaine durée d’exposition.
  • Utiliser les excédents financiers de la branche accident du travail et maladie professionnelle pour financer des politiques de prévention des risques professionnels ambitieuses.
Motivations et facteurs clés incitant les petites entreprises à investir dans la prévention des risques professionnels

Les facteurs qui incitent les petites entreprises (TPE) à s’engager dans la prévention des risques professionnels sont variés. Une étude récente de la DARES, organisme rattaché au Ministère du Travail, a examiné la façon dont les TPE des secteurs du bâtiment, de la coiffure et de la restauration gèrent les questions de santé et de sécurité au travail.

Cette enquête a permis d’identifier plusieurs raisons qui motivent certaines entreprises à investir davantage dans la prévention des risques.

Les visites de contrôle des organismes d’inspection et la volonté de bien faire :

Les visites officielles de l’inspection du travail ou des services d’hygiène vétérinaires jouent un rôle important dans la mise en place de pratiques de prévention au sein des TPE. Cependant, il ne faut pas conclure que ces entreprises agissent uniquement par crainte des sanctions. La peur d’être pénalisé est bien présente, notamment dans le cas d’une entreprise du BTP qui s’investit activement dans la prévention des risques par crainte d’une visite inopinée de l’inspection du travail et de possibles non-conformités réglementaires. Toutefois, cette motivation coexiste avec la volonté des dirigeants de profiter de ces visites d’inspection pour améliorer leur organisation du travail. Ils considèrent ces visites comme une opportunité d’obtenir des conseils non seulement en matière de prévention, mais aussi d’optimisation de leur activité.

Respecter les règles et recevoir des conseils :

Certains exemples concrets soulignent l’importance des visites d’inspection pour l’amélioration des pratiques de prévention. Par exemple, un restaurant a décidé de rénover sa cuisine pour améliorer l’ergonomie et réduire les douleurs dorsales du chef, suite à la visite de l’inspection vétérinaire. Le gérant reconnaît que l’inspecteur lui a permis d’avoir un regard neuf et de recevoir des conseils précieux. Les professionnels de la prévention des risques professionnels, tels que les intervenants en prévention des risques professionnels (IPRP), jouent un rôle essentiel en montrant aux dirigeants de TPE-PME qu’ils ne sont pas là pour leur faire la morale, mais qu’ils peuvent apporter des conseils et des bonnes pratiques utiles.

Un autre facteur clé est la capacité à proposer des solutions pratiques et accessibles. Les professionnels de la prévention des risques professionnels accumulent de nombreuses expériences, exemples et anecdotes concrets au fil de leurs missions, ce qui leur permet de transmettre des bonnes pratiques et des astuces pour prévenir efficacement les risques professionnels.

En conclusion, les dirigeants de TPE sont soucieux de respecter la réglementation, mais surtout motivés par la mise en place de mesures concrètes et pragmatiques ayant un réel impact sur la réduction des risques professionnels.

La consultation du CSE sur les orientations stratégiques et les projets d’aménagement : une clarification juridique

La consultation du Comité social et économique (CSE) sur les orientations stratégiques de l’entreprise est une étape cruciale, mais cela ne dispense pas l’employeur de consulter le CSE en cas de projets importants découlant de ces orientations. Une récente jurisprudence a précisé que la consultation du CSE sur un projet de réorganisation n’est pas nécessairement précédée de l’information et de la consultation annuelle sur les orientations stratégiques de l’entreprise (Cass. soc., 21 sept. 2022, n° 20-23.660).

Cependant, il est important de noter qu’en présence d’un projet qui constitue une déclinaison concrète des nouvelles orientations stratégiques de l’entreprise, l’employeur est tenu d’organiser une consultation spécifique pour ce projet. Même en faisant preuve de transparence et de loyauté, l’employeur ne peut se contenter d’annoncer les changements à venir lors de la consultation sur les orientations stratégiques.

Un cas concret met en évidence cette problématique:

Lors de la consultation annuelle du CSE central sur les orientations stratégiques du groupe Fnac Darty, la direction de la société Relais Fnac annonce une nouvelle stratégie appelée « Everyday », comprenant notamment le déploiement d’un projet Click&Collect. Malgré plusieurs réunions et la fourniture continue d’informations par la direction, le CSE central refuse de donner son avis sur les orientations stratégiques et leur déclinaison au sein de Fnac Relais.

Suite à cela, le CSE central et plusieurs organisations syndicales portent l’affaire devant le tribunal judiciaire de Créteil. Ils demandent notamment la suspension immédiate du déploiement du projet Click&Collect dans tous les magasins de Fnac Relais, ainsi que la reconnaissance du caractère important du projet nécessitant l’information et la consultation du CSE central. De plus, ils demandent la consultation des CSE régionaux sur les mesures d’adaptation du projet dans les magasins de chaque région.

Les arguments avancés reposent sur le fait que le projet Click&Collect entraîne une nouvelle organisation du travail avec des conséquences en matière de santé, de sécurité et de conditions de travail. Selon l’article L. 2312-8 du code du travail, le CSE doit être informé et consulté sur tout aménagement important modifiant les conditions de santé, de sécurité ou de travail.

La direction de Relais Fnac, de son côté, affirme qu’un projet suffisamment avancé qui découle des orientations stratégiques doit être présenté dans le cadre de la consultation sur les orientations stratégiques. Organiser deux consultations distinctes sur un projet déjà abouti serait redondant, selon elle.

Le tribunal judiciaire, reconnaissant la transparence et la loyauté de la société Relais Fnac envers le CSE, décide que le projet Click&Collect constitue bel et bien un aménagement important modifiant les conditions de santé, de sécurité et de travail. Par conséquent, il doit faire l’objet d’une consultation spécifique du CSE central. Le juge souligne que la consultation sur les orientations stratégiques ne peut pas dispenser l’employeur de la consultation ponctuelle prévue par l’article L. 2312-8 du code du travail, car ces deux consultations ont des objets distincts. Ainsi, le CSE central ne peut être privé d’une consultation spécifique sur le projet Click&Collect, lui permettant d’examiner précisément les impacts sur les conditions de santé, de sécurité et de travail, éventuellement avec l’aide d’un expert habilité.

En ce qui concerne la consultation des CSE régionaux, le tribunal juge que les adaptations nécessaires en fonction de la taille et de la configuration des magasins rendent la consultation du CSE central insuffisante. Par conséquent, il justifie la consultation des CSE régionaux sur les mesures d’adaptation spécifiques à chaque magasin de la région.

Les DAE : une prévention essentielle pour réduire les risques cardiaques

La réglementation concernant les défibrillateurs automatisés externes (DAE) illustre la nouvelle approche de la prévention en milieu professionnel :

plutôt qu’une obligation stricte d’équipement, sauf pour certaines entreprises spécifiques comme les établissements recevant du public (ERP), il s’agit désormais d’encourager les entreprises à adopter une démarche proactive pour prévenir les risques au quotidien.

Encouragement, accessibilité et confiance

Les installations sportives et les ERP sont tenus de se doter de DAE, mais pour les autres entreprises, les autorités publiques ont émis des recommandations favorables afin de faciliter leur engagement et celui de leurs collaborateurs dans une démarche préventive.

En définissant clairement les catégories d’entreprises où les DAE sont obligatoires, on évite la publicité mensongère et la vente forcée de dispositifs à des conditions inappropriées pour les entreprises non concernées.

Une recherche rapide sur Internet confirme que la plupart des spécialistes du domaine tiennent compte des dispositions et instructions des autorités publiques. Ils adoptent une approche transparente, pédagogique et honnête, proposant des offres tarifaires raisonnables, à l’instar d’Electrocœur qui propose une formule de location tout compris (installation, initiation et maintenance) à un tarif mensuel de seulement 2 euros HT.

Respect des règles

Étant donné que les DAE sont des dispositifs médicaux, quelques règles de bon sens sont à suivre :

Devoir de protection : Bien qu’il n’y ait pas d’obligation pour toutes les entreprises, il est fortement recommandé de s’équiper pour assumer son devoir de protection conformément au Code du travail. En cas d’incident majeur, le non-équipement peut être considéré comme une négligence de la part du dirigeant.

Mutualisation : Lorsque plusieurs ERP se trouvent sur un même site, il est possible de mutualiser un DAE, à condition de garantir une intervention en moins de 5 minutes.

Maintenance : Les DAE, en tant que dispositifs médicaux de classe IIb, sont soumis à une obligation de maintenance, qu’ils soient achetés ou loués.

Protection de l’utilisateur : Toute personne, même sans formation médicale ou en secourisme, peut utiliser un DAE pour porter secours à une personne en arrêt cardiaque. En aucun cas, elle ne peut être tenue responsable en cas de décès.

Signalisation : Il est essentiel de signaler clairement la présence d’un défibrillateur selon des règles spécifiques pour faciliter son repérage immédiat.

Formation : Bien que la loi ne l’exige pas, de nombreux vendeurs et loueurs de DAE proposent des formations aux employés des entreprises clientes. Certaines entreprises encouragent également leurs collaborateurs volontaires à obtenir une certification de secourisme (SST) ou à suivre des formations en ligne.

Collecte des données : Afin d’exploiter les informations sur les interventions des DAE et améliorer l’efficacité de la prévention cardiaque, l’État a créé une base de données nationale des défibrillateurs (Géo’DAE). Les prestataires de maintenance se chargent de transmettre les données de toutes les entreprises équipées.

En résumé, l’utilisation des DAE constitue une mesure préventive essentielle pour réduire les risques cardiaques en milieu professionnel. Plutôt que de se conformer strictement à une obligation, les entreprises sont encouragées à adopter une approche proactive de prévention, assurant ainsi la sécurité de leurs employés et démontrant leur engagement envers la santé et le bien-être de tous.

Une approche globale pour la santé et la sécurité au travail : Combiner prévention des risques et bien-être des salariés

Lorsque les salariés sont exposés à la fois à des contraintes physiques et psychosociales, le risque d’accidents du travail augmente considérablement, souligne une récente étude de l’INRS. Cette étude met en évidence l’effet cocktail des risques, avec une corrélation entre les risques physiques et certains risques psychosociaux.

Il est donc essentiel de prendre en compte ces différents facteurs de risque pour analyser la survenue des accidents du travail.

En particulier, les salariés soumis à une polyexposition, c’est-à-dire une forte exposition simultanée aux risques physiques et psychosociaux, présentent un risque multiplié par quatre par rapport à ceux qui ne sont pas exposés. Ainsi, une approche globale de la santé et de la sécurité au travail devient primordiale, intégrant la prévention des risques, l’amélioration des conditions de travail et la promotion de la qualité de vie au travail.

Ces résultats vont au-delà du secteur de la santé et de l’aide à la personne, soulignant l’importance de considérer à la fois les risques physiques et les risques psychosociaux dans toutes les professions. Cette approche globale permet de mieux appréhender les accidents du travail et favorise une démarche de progrès continu au sein des entreprises, dans l’intérêt des employeurs et des salariés. Ainsi, le document unique, loin d’être une simple photographie statique des risques, devient un outil dynamique d’évaluation et de gestion des risques au service de la santé et de la sécurité des travailleurs.

Changement de réglementation pour le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels : Ce que vous devez savoir

Pour la première fois, une loi fait suite à un accord national interprofessionnel. Voici les détails des modifications concrètes apportées par cette loi au DUERP.

Le DUERP, qui recense déjà l’ensemble des risques professionnels auxquels les employés sont exposés, devra désormais assurer la traçabilité collective de ces expositions. Les employeurs devront transcrire et mettre à jour dans le DUERP les résultats de l’évaluation des risques. Ces résultats devront conduire à différentes actions selon la taille de l’entreprise.

Pour les entreprises d’au moins 50 salariés, les résultats de l’évaluation devront être traduits en un Programme Annuel de Prévention des Risques Professionnels et d’Amélioration des Conditions de Travail (PAPRIPACT).

Ce programme devra être présenté au Comité Social et Économique (CSE) et détaillera :

  • Les mesures à prendre au cours de l’année à venir, comprenant des mesures de prévention des effets de l’exposition aux facteurs de risques professionnels, ainsi que les conditions d’exécution, les indicateurs de résultats et l’estimation des coûts pour chaque mesure.
  • Les ressources mobilisables par l’entreprise.
  • Le calendrier de mise en œuvre.

Pour les entreprises de moins de 50 salariés, les résultats de l’évaluation devront conduire à la définition d’actions de prévention des risques et de protection des salariés. Ces actions seront consignées dans le DUERP et présentées au CSE, le cas échéant. Le CSE devra être consulté sur le DUERP et ses mises à jour.

Concernant l’archivage et la consultation, le DUERP et ses mises à jour successives devront être obligatoirement archivés de manière dématérialisée sur un portail numérique mis en place par les organisations patronales. Les salariés, les anciens salariés et toute personne ou instance pouvant justifier d’un intérêt auront accès à ces archives, en plus de la transmission systématique au Service de Prévention et de Santé au Travail.

La mise en œuvre de la procédure de dépôt dématérialisé sera progressive, avec une date d’entrée en vigueur fixée au 1er juillet 2023 pour les entreprises d’au moins 150 salariés et au 1er juillet 2024 pour les entreprises de moins de 150 salariés.

Il est important de noter que la loi d’août 2021 renforce les obligations des employeurs en matière de prévention des risques professionnels. Parmi ces nouvelles obligations, toutes les entreprises de moins de 150 salariés doivent déposer leur DUERP sur une plateforme d’État avant le 1er juillet 2024.

En conclusion, le DUERP est un outil essentiel pour garantir un environnement de travail sain et sûr pour les employés. Cependant, de nombreuses entreprises ne sont pas encore en conformité avec cette obligation légale.

Les quatre leviers de gestion pour prévenir les risques routiers professionnels

Agir uniquement sur le comportement des employés ne constitue pas une véritable politique de prévention des risques routiers. Selon une brochure de l’INRS (1) consacrée à ce sujet, il est essentiel de mettre en place de bonnes pratiques à l’échelle de l’entreprise tout entière.

Améliorer la gestion des déplacements :

de 10 % les déplacements routiers des employés réduit d’autant le risque d’accident. Les experts suggèrent donc d’utiliser des solutions techniques telles que les audioconférences, les visioconférences, Internet et l’intranet pour travailler à distance. Cela permet d’économiser du temps, de l’argent et de l’énergie. Une autre possibilité souvent négligée est d’encourager l’utilisation des transports en commun ou des solutions mixtes combinant l’avion ou le train avec la location de véhicules, plutôt que de privilégier l’usage exclusif de l’automobile. Enfin, lorsque les déplacements routiers sont inévitables, il est recommandé de les gérer avec autant de rigueur qu’une tâche professionnelle. Cela implique une planification compatible avec le respect du Code de la route, en évitant d’imposer des contraintes horaires trop lourdes aux conducteurs, en prévoyant des temps de pause et en anticipant les difficultés de circulation.

Améliorer la gestion de la flotte de véhicules :

Il est essentiel que l’entreprise veille à maintenir les véhicules en bon état de fonctionnement. Un carnet d’observations doit être attribué à chaque véhicule pour assurer le suivi de la maintenance. Les équipements de sécurité et de confort jouent un rôle important dans la prévention des accidents et la réduction de leur gravité. Parmi ces équipements, on retrouve l’ABS, les airbags conducteur et passager, la climatisation, la direction assistée, les dispositifs d’assistance électronique à la conduite, les commandes radio au volant, les limiteurs de vitesse, les systèmes d’aide à la navigation, les pneus neige, les bandes réfléchissantes, les indicateurs de gabarit et les témoins de surcharge du véhicule. De manière plus générale, il est important de choisir des véhicules adaptés à leur usage spécifique. Par exemple, une berline n’est pas destinée au transport de charges, même occasionnel.

Améliorer la gestion des communications :

Depuis l’avènement des smartphones, l’utilisation du téléphone au volant est l’une des principales causes d’accidents de la route. Le protocole de communication mis en place par l’entreprise doit préciser les règles d’utilisation du téléphone lors des déplacements professionnels. De nombreuses entreprises ont adopté des règlements internes interdisant l’utilisation du téléphone portable pendant la conduite, conformément au Code de la route qui proscrit cette pratique, y compris avec une oreillette. Ces initiatives réglementaires doivent être régulièrement rappelées et complétées par une organisation globale visant à réduire la nécessité de communiquer pendant les déplacements. Il est essentiel d’adopter une culture de la sécurité routière au sein de l’entreprise et parmi ses membres.

Améliorer la gestion des compétences :  

Le permis de conduire de catégorie B permet à des conducteurs non professionnels de conduire des véhicules d’entreprise jusqu’à 3,5 tonnes, y compris des véhicules affectés au transport régulier de jusqu’à 8 salariés. Du point de vue de la prévention, cette situation n’est pas satisfaisante, selon les experts. Ils suggèrent donc de mettre en place des formations permettant d’améliorer les compétences de conduite des employés amenés à effectuer de nombreux déplacements dans le cadre de leur mission, même s’ils ne sont pas des conducteurs professionnels à proprement parler.

Renforcement de l’obligation des entreprises en cas d’accident du travail mortel

Le décret n°2023-452 du 9 juin 2023 introduit une nouvelle obligation pour les entreprises en cas d’accident du travail mortel, visant à renforcer l’information de l’inspection du travail et à garantir l’efficacité de l’enquête menée.

Il est essentiel que les services de l’inspection du travail soient rapidement informés en cas de survenance d’un accident du travail mortel. En effet, la qualité des procédures engagées suite à de tels événements dépend en grande partie des constatations réalisées sur place dans des délais courts après l’accident. Des constatations tardives risquent de compromettre l’établissement de la vérité, compte tenu du risque de altération des preuves.

Ainsi, conformément au décret n°2023-452 du 9 juin 2023, l’employeur est désormais tenu d’informer l’agent de contrôle de l’inspection du travail dans les douze heures suivant le décès du travailleur, sauf s’il est en mesure de prouver qu’il n’a eu connaissance du décès qu’après l’expiration de ce délai.

Dans ce dernier cas, le délai de douze heures pour informer l’agent de contrôle de l’inspection du travail court à partir du moment où l’employeur a connaissance du décès du travailleur.

Cette information doit être transmise par tout moyen permettant de donner une date certaine à cet envoi, et doit contenir les éléments suivants :

  • Le nom ou la raison sociale de l’entreprise, ainsi que ses adresses postale et électronique, et ses coordonnées téléphoniques au moment de l’accident ;
  • Le cas échéant, le nom ou la raison sociale de l’entreprise dans laquelle l’accident s’est produit, si elle est différente de l’employeur, ainsi que ses adresses postale et électronique, et ses coordonnées téléphoniques ;
  • Les noms, prénoms et date de naissance de la victime ;
  • La date, l’heure, le lieu et les circonstances de l’accident ;
  • L’identité et les coordonnées des témoins, le cas échéant.

Le non-respect de cette obligation d’information de l’employeur concernant un accident du travail ayant entraîné le décès d’un travailleur est passible d’une amende pouvant atteindre 1 500 euros, pouvant être portée à 3 000 euros en cas de récidive. Pour les personnes morales, le montant maximum de l’amende est de 7 500 euros, pouvant être porté à 15 000 euros en cas de récidive.

La santé au travail : un enjeu sociétal crucial

La prise en charge adéquate de la santé au travail est essentielle pour garantir un accès complet à la santé pour tous. Cependant, il reste encore beaucoup à faire. Les résultats de l’Observatoire de la Mutualité Française sur la santé au travail révèlent de nombreuses lacunes en matière de protection des travailleurs.

La France n’est pas bien classée dans ce domaine, comme le montre l’enquête de l’Observatoire Mutualité Française/Harris Interactive sur la santé au travail publiée le 21 février 2023. Par exemple, en ce qui concerne les accidents mortels du travail, notre pays est en tête du classement des pays européens, avec 3,5 accidents mortels pour 100 000 personnes. Ce chiffre est deux fois plus élevé que la moyenne européenne (1,7 accident mortel). Cela illustre l’une des nombreuses données de l’Observatoire montrant que les problèmes liés à la santé au travail ne sont pas suffisamment pris en compte. De plus, 91% des travailleurs interrogés déclarent avoir connu des difficultés de santé au travail telles que fatigue, stress, perte de motivation, douleurs physiques régulières ou épuisement professionnel. Près de 4 travailleurs sur 10 estiment que leur travail a plutôt un impact négatif sur leur santé.

Une crise démographique dans le domaine de la médecine du travail

Quelles sont les causes de ces résultats ? L’Observatoire met l’accent sur la faiblesse de l’offre de santé au travail. Comme d’autres spécialités médicales, la médecine du travail connaît une crise démographique : plus de la moitié des médecins du travail ont plus de 65 ans, et les médecins généralistes ne sont pas suffisamment formés pour détecter les maladies professionnelles et les accidents du travail. De plus, l’Observatoire constate une répartition inégale des services de prévention et de santé au travail sur le territoire. Ces tendances préoccupantes font que 61% des salariés du secteur privé n’ont pas bénéficié d’une visite médicale du travail au cours de l’année et que 6% n’en ont jamais eu. Les travailleurs non salariés et les chefs d’entreprise sont particulièrement négligés en matière de santé au travail, avec 2,8 millions d’entre eux ne bénéficiant d’aucun suivi dans ce domaine. De plus, tous les travailleurs ne sont pas protégés par des contrats de prévoyance. Par exemple, les salariés des grandes entreprises bénéficient d’une meilleure couverture que les fonctionnaires et les travailleurs indépendants.

La santé au travail, un axe majeur de la santé publique

Les résultats de cet Observatoire montrent qu’il y a une marge d’amélioration considérable en matière de santé au travail, comme l’a souligné Éric Chenut, président de la Mutualité Française, lors de leur présentation à la presse. Le milieu du travail représente un espace essentiel pour le bien-être physique, social, psychique et environnemental, si l’on souhaite rendre l’accès à la pleine santé possible pour tous. Éric Chenut rappelle que la santé au travail est un axe majeur de la santé publique, soutenu également par Virginie Malnoy, directrice Nouveaux Modèles d’Harmonie Mutuelle. Il affirme qu’il n’y a pas de fatalité en ce qui concerne les maladies professionnelles, et que des progrès peuvent être réalisés en mobilisant les partenaires sociaux et en identifiant et diffusant les bonnes pratiques.

C’est pourquoi la Mutualité Française formule dix propositions autour de trois axes :

  1. Faire de la santé au travail un élément essentiel de la santé publique.
  2. Améliorer la prévention et la santé au travail.
  3. Mieux prendre en compte les différentes conditions d’exposition aux risques professionnels.

Des propositions pour renforcer la prévention

Parmi ses propositions, la Mutualité Française souligne l’importance de soutenir les employeurs publics et privés, ainsi que les branches professionnelles, dans le développement de la prévention. Elle suggère notamment de sensibiliser davantage le monde du travail aux déterminants d’un environnement de travail favorable à la santé. Cela impliquerait d’accompagner les secteurs d’activité professionnelle dans la mise en place d’outils de prévention, en particulier ceux qui sont fortement touchés par des sinistres, tels que les services d’aide à la personne.

La Mutualité Française propose également d’élargir le champ d’action du passeport de prévention, afin qu’il englobe non seulement la formation en matière de sécurité et de santé au travail, mais aussi le suivi des actions de sensibilisation à la prévention des déterminants de santé mises en œuvre par l’employeur, tels que l’activité physique, la lutte contre les addictions, l’alimentation et la vaccination.

Une autre proposition consiste à tirer parti des données de santé et du numérique pour une meilleure prévention des risques en matière de santé au travail. L’idée est d’utiliser et de valoriser les données existantes pour analyser les risques professionnels et élaborer une politique de prévention plus ciblée, efficace et mesurable. Cela pourrait également permettre de mieux cibler les actions de prévention en fonction des territoires.

Améliorer l’attractivité des conditions d’exercice

Pour le deuxième axe, la Mutualité Française plaide en faveur de la création d’un service universel de santé au travail afin que tous les travailleurs puissent bénéficier d’un suivi adapté. Elle propose d’élargir les compétences des infirmiers en pratique avancée (IPA) pour qu’ils puissent diagnostiquer certains risques professionnels. En ce qui concerne le troisième axe, la Mutualité Française estime qu’il est nécessaire de généraliser l’accès à une couverture prévoyance. Parmi les mesures proposées, on compte l’obligation d’information des salariés sur la prévoyance et la garantie d’une couverture complémentaire en prévoyance pour tous les fonctionnaires, dans le cadre de la mise en place de la protection sociale des fonctionnaires. Toutes ces propositions visent à favoriser l’accès à la santé pour tous.