De nombreux employés prennent le volant quotidiennement dans le cadre de leur travail. Résultat, le risque routier se fait de plus en plus important en France.
Aujourd’hui, il représente même la première cause de décès au travail. Afin d’éviter ces conséquences dramatiques, les entreprises doivent donc mettre en place des mesures préventives et les appliquer.
Qu’est-ce que le risque routier professionnel ?
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le risque routier professionnel englobe bien plus que l’accident de la route, qu’il soit mortel ou pas. En effet, il peut également être question d’accrochages avec d’autres conducteurs entraînant des dégâts matériels. De plus, les collisions entraînant de légères ou graves blessures font aussi partie des risques pris lors d’un trajet professionnel.
Grâce aux nouvelles technologies, il est aujourd’hui plus facile de communiquer entre collaborateurs et clients, et ce, à partir de n’importe quelle zone géographique. Cela dit, cette dispersion à travers le pays a considérablement rallongé les distances à parcourir quotidiennement pour les conducteurs.
De ce fait, beaucoup de gens se lassent du temps passé en voiture et finissent par ne plus respecter les limitations de vitesse.
Risque mission ou trajet ?
Sur la route, les conducteurs peuvent être confrontés à deux types d’accidents : l’accident de mission et l’accident de trajet.
Le premier est un accident qui se produit lors de déplacements indispensables à l’exécution du travail. Ce type d’accident peut entraîner la responsabilité pénale du conducteur dans le cas où celui-ci a commis une infraction du code de la route. Quant à l’employeur, ses responsabilités pénale et civile peuvent aussi être engagées s’il y a eu une négligence de sa part.
En revanche, l’accident de trajet a lieu lors des déplacements entre le lieu de travail et le domicile, soit entre le lieu de travail et le lieu de restauration. Ici, la nature non professionnelle du trajet rend la prévention du risque routier non obligatoire d’un point de vue légal. Cela dit, l’employé conducteur et son employeur doivent tous les deux participer à la mise en œuvre des mesures préventives.
Notez également que les accidents de trajet ne sont pas imputés au compte de l’employeur. Ils font plutôt l’objet d’une augmentation du taux d’incapacité du collaborateur ayant été victime de l’accident.
Quelles conséquences sur les entreprises ?
Outre les dégâts irréversibles pour l’employé et sa famille, les accidents routiers professionnels ont un sacré impact sur les entreprises, qu’ils soient mortels ou pas. En France, 48 % des entreprises n’ont pas conscience des coûts totaux que représentent les sinistres routiers. Pourtant, ces derniers ont entraîné la perte de 6,4 millions de journées en termes d’assurance maladie.
Au-delà des pertes financières, les accidents routiers professionnels engendrent des conséquences pénalisantes pour l’activité de l’entreprise, mais aussi pour sa réputation. Par ailleurs, cela peut perturber la logistique, ainsi que le climat social qui règne au sein de la société.
Jusque-là, le risque routier professionnel suscitait une inquiétude jugée insuffisante de la part des entreprises. Dans une étude menée par la CSA, 42 % des répondants affirment ne pas effectuer de suivi sur les dérives de conduite, à savoir : les amendes, la fréquence des accidents ou même la surconsommation de carburant.
Dans ce cadre, le ministère du travail a mis en place une stratégie ayant pour but d’approfondir le suivi des risques et la connaissance statistique, tout en sensibilisant les entreprises. Cette initiative est en collaboration avec la Caisse nationale de l’assurance maladie (CNAM) et la Délégation à la sécurité routière.
Accidentalité liée au risque routier professionnel : que disent les statistiques ?
En France, les accidents de la route sont la première cause de mortalité au travail. Pour rappel, 134 personnes sont décédées en 2017 lors de déplacements professionnels routiers. En 2019, ce nombre a augmenté pour atteindre 406 personnes. Parmi celles-ci, 295 personnes (soit 11,5 % de la mortalité routière) ont eu lieu lors de trajets entre le travail et le domicile.
Les 111 personnes restantes (4 % de la mortalité routière) sont décédées au cours d’un trajet professionnel effectué dans le cadre d’une mission. La moitié de ces personnes circulaient soit en poids lourd, soit en véhicule utilitaire.
Selon la réglementation, il est de la responsabilité des employeurs de s’assurer de l’évaluation des risques. Afin de pallier cette situation alarmante, la Délégation à la sécurité routière se mobilise même avec les entreprises pour les accompagner dans le lancement d’actions préventives.
Quelles mesures préventives ?
Pour faire de la sécurité routière une priorité, une politique de prévention doit être appliquée dans quatre grands axes indissociables : les déplacements, les véhicules, les communications mobiles et les compétences.
Organiser les déplacements
Bien que le respect du code de la route soit une obligation, il arrive que certains conducteurs commettent des écarts. Pour réduire ce risque, les entreprises se doivent de limiter la fréquence des déplacements. Pour cela, les employés doivent privilégier les transports en commun.
Les déplacements routiers devraient également être réduits en optant pour d’autres solutions comme l’audioconférence et la visioconférence.
Les déplacements indispensables, quant à eux, doivent être bien organisés au préalable. Par exemple, les itinéraires devraient être planifiés en intégrant des temps de pause. Les conditions météorologiques et l’état des routes doivent également être pris en compte.
Entretenir les véhicules
Tout comme les véhicules personnels, les véhicules professionnels doivent être équipés de dispositifs de sécurité et de systèmes d’assistance à la conduite : airbags, direction assistée, régulateur de vitesse, système de frein antiblocage, signal de non-port de la ceinture de sécurité, etc.
En outre, le risque routier professionnel pourrait être considérablement réduit si les révisions obligatoires et les contrôles des pneumatiques étaient faits à temps. Par la même occasion, cela permet d’éviter les importantes dépenses engendrées par les réparations.
Enfin, pour minimiser les accidents de la route, il faut s’assurer que les charges transportées ne soient pas un facteur de risque.
Limiter les distractions et les communications
L’usage du téléphone est bien souvent à l’origine des accidents routiers professionnels. En effet, même s’il est permis d’utiliser le kit mains-libres pour prendre des appels, certaines conditions de circulation requièrent l’attention totale du conducteur.
De plus, les contrôles visuels ne suffisent pas toujours à anticiper les angles morts. Exiger que les communications ne se fassent qu’à l’arrêt, c’est réduire les risques de collision et de perte de contrôle du véhicule.
Former les conducteurs
Beaucoup d’entreprises sous-estiment l’importance de former le personnel au risque routier professionnel, ainsi qu’aux bonnes pratiques de prévention. Pourtant, cela permet à la fois de les sensibiliser et de leur faire prendre conscience du danger de certaines mauvaises habitudes. Managers, chefs d’entreprise ou salariés, tout le monde doit y participer.