La délégation aux droits des femmes du Sénat a récemment publié un rapport inquiétant sur la santé des femmes au travail. Selon ce document, les politiques publiques actuelles négligent largement les répercussions du travail sur la santé des femmes. Le rapport met en évidence plusieurs lacunes dans la prise en compte des spécificités féminines, et appelle à des mesures adaptées pour remédier à cette situation préoccupante.
Des statistiques manquantes et un besoin de données précises.
Le rapport souligne le manque de données sexuées dans le domaine de l’épidémiologie et des politiques de santé publique. Malgré plus de six mois d’auditions et de déplacements sur le terrain, les statistiques concernant la santé des femmes au travail demeurent parcellaires. Cela entraîne une insuffisance de suivi, de prévention et de recherche épidémiologique dans les secteurs à prédominance féminine.
Des politiques de prévention pensées pour les hommes.
Les politiques publiques de prévention et de réparation des risques professionnels ont principalement été conçues pour les hommes. Les postes de travail et les équipements, y compris les équipements de protection individuels (EPI), sont basés sur des références anthropométriques masculines, ce qui néglige les spécificités des femmes. Les sénatrices appellent donc à adapter les mesures de prévention aux conditions de travail des femmes.
Les risques professionnels invisibles pour les femmes.
Les femmes sont confrontées à des risques professionnels souvent invisibles et silencieux. En effet, la majorité des métiers à prédominance féminine exposent les travailleuses à des tâches répétitives, à un rythme soutenu et à des contraintes professionnelles usantes. Par contraste, les risques professionnels masculins sont plus visibles et engagent même le pronostic vital. Les professions du soin et du nettoyage sont particulièrement concernées, avec des conséquences néfastes sur la santé des femmes.
Des recommandations pour une meilleure prise en compte de la santé des femmes.
Le rapport formule plusieurs recommandations pour améliorer la situation. Il préconise notamment la reconnaissance des cancers du sein et des ovaires comme des maladies professionnelles, ainsi qu’une révision des critères de pénibilité. Une stratégie nationale avec une approche intégrée de la santé des femmes est également suggérée. De plus, les employeurs devraient être tenus de mettre en place un document unique d’évaluation des risques professionnels genré, assorti de sanctions financières dissuasives.
La santé des femmes au travail constitue un enjeu majeur qui nécessite une attention accrue de la part des politiques publiques. Le rapport du Sénat met en lumière les lacunes actuelles et souligne la nécessité d’adapter les dispositifs existants pour mieux prendre en compte les spécificités féminines. Il est essentiel de reconnaître les risques professionnels auxquels les femmes sont confrontées et de mettre en place des mesures concrètes pour préserver leur santé au travail.