Dans divers environnements de travail, le bruit représente un danger non seulement désagréable, mais aussi pour l’ouïe. Il est essentiel de prendre en compte certaines caractéristiques du bruit pour évaluer les risques professionnels associés :
Intensité : L’intensité sonore se mesure en décibels. À partir de 80 dB, le risque de lésions auditives permanentes peut apparaître. Plus l’intensité sonore est élevée, plus le risque pour l’oreille est grand.
Durée : Tout comme l’intensité sonore, plus la durée d’exposition au bruit est longue, plus les risques pour l’ouïe sont importants et peuvent causer des lésions internes irréversibles.
Fréquence : Les fréquences aiguës, en particulier de 4000 Hz à 8000 Hz, sont les plus dangereuses pour l’audition et la santé des salariés.
Il existe différents types de bruit, tels que les bruits continus qui persistent dans la durée, et les bruits intermittents et impulsionnels, tels que les détonations ou les coups de feu, qui peuvent représenter des menaces plus importantes que les bruits continus.
Échelle des Décibels : L’intensité des sons est mesurée en décibels sur une échelle allant de 0 dB(A), seuil de l’audition humaine, à environ 120 dB(A), limite supérieure des bruits courants de notre environnement.
Seuil de Référence : 0 dB(A) Le seuil de référence correspond au niveau minimal de pression acoustique permettant la perception des sons par nos oreilles. À ces niveaux faibles, nous pouvons percevoir les sons produits par notre propre corps, ce qui peut être déstabilisant.
Niveaux d’Apparition des Effets Extra-Auditifs : 40-50 dB(A) L’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère que des effets extra-auditifs du bruit peuvent se manifester pour des niveaux d’exposition supérieurs à 40 dB(A) la nuit et à 50-55 dB(A) en journée. Ces effets incluent des troubles du sommeil, une gêne, une augmentation des risques cardiovasculaires, des difficultés de concentration et des retards dans les apprentissages.
Seuil de Risque pour l’Audition : 80 dB(A) Ce seuil est important pour la réglementation en matière de bruit au travail. À partir de 80 dB(A), l’employeur doit informer les salariés des risques auditifs encourus, proposer un contrôle facultatif de l’audition et mettre à disposition des protections auditives adaptées. Au-delà de 80 dB(A), la durée d’exposition au bruit devient un facteur de risque crucial.
En vertu de la réglementation sur le bruit au travail, le port de protections auditives est obligatoire lorsque le salarié est exposé à un niveau de 85 dB(A) pendant une période de 8 heures.
Seuil de Douleur : 120 dB(A) Le seuil de 120 dB(A) marque le début de la douleur auditive. À ce stade, nos oreilles nous font mal, mais il est souvent trop tard pour réagir.
Conséquences sur l’Organisme : Effets sur l’Audition :
- Fatigue auditive : Elle se manifeste par une perte temporaire de l’audition, accompagnée de bourdonnements ou de sifflements dans les oreilles, appelés acouphènes. Après une période de repos, l’audition revient à la normale.
- Traumatisme acoustique : Il s’agit d’une perte soudaine de l’audition causée par un bruit bref et intense, tel qu’une explosion, pouvant entraîner une perforation du tympan.
- Surdité Professionnelle : Elle survient suite à une exposition chronique à un traumatisme sonore dans le cadre du travail et provoque une perte irréversible de l’audition. Les salariés travaillant à proximité de machines présentent un risque plus élevé.
Selon l’Observatoire de la santé visuelle auditive, plus de 3 millions de travailleurs français sont exposés à des bruits supérieurs au seuil de danger pour la santé auditive (85 dB) sur leur lieu de travail. Cela entraîne environ 2 500 déclarations de surdité professionnelle chaque année, avec près de 700 reconnaissances.
De plus, le coût moyen d’une surdité professionnelle indemnisée par la sécurité sociale est estimé à environ 100 000 euros, ce qui en fait l’une des maladies professionnelles les plus coûteuses selon le ministère du travail.
Autres Effets sur l’Organisme : Outre les effets auditifs, le bruit au travail génère du stress, résultant d’une exposition sonore intense et continue. Cela peut entraîner des réactions nerveuses et endocriniennes affectant :
- Le système cardiovasculaire,
- Le système immunitaire,
- Le rythme et la qualité du sommeil,
- L’équilibre psychologique et comportemental (nervosité, agressivité, dépression…).
Selon de nombreuses études, les troubles cardiovasculaires, en particulier l’hypertension, sont plus fréquents chez les travailleurs exposés au bruit sur leur lieu de travail. Ces troubles ont tendance à augmenter avec le temps, en fonction du type d’activité professionnelle et d’autres facteurs de stress liés au travail.
Le bruit peut donc entraîner de l’anxiété, du stress, des perturbations du sommeil et des troubles cardiovasculaires tels qu’une augmentation de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle.
Conséquences sur le Travail :
- Difficulté de communication entre les salariés : Le bruit au travail peut rendre difficile les échanges verbaux entre les salariés, ce qui peut conduire à des accidents de travail lorsque les consignes de sécurité ne sont pas correctement comprises en raison du bruit ambiant, voire lorsque les alertes ne sont pas bien entendues. Par exemple, sur un chantier de construction, le bruit des machines peut masquer presque complètement la voix humaine.
- Stress, diminution de la concentration et des performances cognitives : Selon des études, de nombreux travailleurs se sentent gênés par le bruit sur leur lieu de travail (59%) et éprouvent de la fatigue en fin de journée (80%). Environ 95% des travailleurs ont constaté une baisse de leur concentration et de leur efficacité au travail en raison d’un environnement bruyant. Près d’un quart des travailleurs ressentent de la frustration, de l’irritation et du stress liés au bruit. En France, une étude estime que le coût annuel de l’exposition au bruit en milieu professionnel est de 19,2 milliards d’euros.
Prévention des Risques liés au Bruit :
- Utilisation d’Équipements de Protection Individuelle (EPI) : La meilleure solution consiste à utiliser des protections auditives individuelles, idéalement sur mesure pour assurer un ajustement parfait et un confort optimal. L’inconfort d’un EPI peut décourager son port par les salariés. Selon l’INRS, si une protection auditive n’est pas portée pendant 2 minutes, elle perd 25% de son efficacité, et si elle n’est pas portée pendant 2 heures, elle perd 75% de son efficacité. Les employeurs doivent donc fournir des solutions de protection auditive efficaces et confortables à leurs salariés, tout en les sensibilisant aux risques liés à l’exposition au bruit pour optimiser leur utilisation.
- Action sur les Équipements : Il est essentiel de réduire autant que possible la source du bruit, que ce soit en modifiant les machines ou les équipements bruyants. Des changements techniques simples peuvent être très efficaces, tels que l’installation de silencieux d’air comprimé, l’utilisation de lames de scie amorties, l’achat d’équipements moins bruyants (les niveaux sonores émis doivent être affichés par les fabricants), le revêtement des parois du local avec des matériaux absorbants le son, la séparation des sources de bruit dans un atelier, etc.
En conclusion, le bruit au travail présente des risques pour la santé auditive et globale des travailleurs. Il est essentiel de prendre des mesures de prévention, telles que l’utilisation d’équipements de protection individuelle et la réduction de la source de bruit, pour garantir un environnement de travail sûr et préserver la santé des employés.