Obligations liées au registre des accidents du travail bénins

Lorsqu’un accident survient dans le cadre du travail et ne nécessite pas de soins médicaux ou d’arrêt de travail, il est considéré comme un accident « bénin ». Signaler ces accidents dans un registre dédié permet aux salariés de préserver leurs droits en cas d’aggravation de leur état après l’accident. De plus, ce registre permet à l’employeur d’être informé des risques à traiter avant qu’un accident plus grave ne se produise.

Conditions pour mettre en place un registre des accidents bénins

Pour établir un registre des accidents bénins, l’employeur doit respecter les trois conditions suivantes, conformément au Code de la Sécurité sociale :

  • Justifier de la présence permanente d’un médecin, d’un pharmacien, d’un infirmier diplômé d’État ou d’une personne chargée de l’hygiène et de la sécurité, possédant un diplôme national de secouriste complété par le certificat de sauveteur secouriste du travail délivré par l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) ou les caisses d’assurance retraite et de la santé au travail (Carsat).
  • Disposer d’un poste de secours d’urgence comprenant un local clairement indiqué, une armoire à pharmacie, un téléphone, un point d’eau à proximité et des numéros d’urgence affichés.
  • Respecter les obligations concernant la constitution du comité social et économique (CSE) pour les entreprises ayant au moins 11 salariés.

Le registre est la propriété de l’employeur et doit être conservé pendant cinq ans à partir de la fin de l’exercice considéré.

Aucun formalisme particulier n’est exigé concernant le support du registre. L’employeur peut le conserver sur support papier ou sous forme dématérialisée. Toutefois, il est obligatoire d’y faire figurer la signature de la victime et du donneur de soins.

Depuis le 1er mai 2021, l’employeur n’a plus besoin d’une autorisation préalable de la Carsat pour tenir un registre des accidents bénins. Il doit simplement informer la Carsat de l’ouverture du registre sans délai et par tout moyen permettant d’attester de la date.

Consultation du registre et sanctions

Le registre des accidents bénins doit être accessible aux agents de contrôle des organismes chargés de la gestion des accidents du travail, aux ingénieurs conseils et contrôleurs de sécurité habilités auprès des Carsat, à l’inspection du travail et au CSE. Le médecin du travail et la victime peuvent également y accéder.

Le registre ne peut être consulté que par ces personnes, dans le respect du secret professionnel. Elles ne doivent pas divulguer les informations personnelles concernant les salariés obtenues dans le cadre de leurs fonctions.

Le non-respect des obligations liées au registre peut entraîner des sanctions civiles et pénales pour l’employeur. Celui-ci peut être condamné à une amende en cas de tenue incorrecte du registre, de non-respect des conditions préalables à sa mise en place, ou de refus de le présenter aux personnes habilitées. Sur le plan civil, la CPAM peut récupérer auprès de l’employeur toutes les dépenses liées à un accident non déclaré, non inscrit dans le registre des accidents bénins ou dont l’aggravation n’a pas été signalée. Des pénalités financières peuvent également être imposées par la CPAM en cas de manquement aux obligations de l’employeur.

Il est donc essentiel de respecter les procédures liées au registre des accidents bénins afin de garantir les droits des salariés et de se conformer aux exigences légales.

Traçabilité et communication

  • Les employeurs sont tenus de consigner dans une fiche individuelle de prévention des expositions les conditions de pénibilité auxquelles les travailleurs sont exposés, la période pendant laquelle cette exposition a eu lieu, ainsi que les mesures de prévention mises en place pour éliminer ou réduire ces facteurs pendant cette période.
  • La fiche doit être mise à jour en cas de modification des conditions d’exposition pouvant affecter la santé du travailleur.
  • Une copie à jour de la fiche de prévention des expositions professionnelles doit être communiquée au Service de Santé au Travail pour être intégrée au dossier médical du travailleur concerné.

PÉNIBILITÉ AU TRAVAIL

RÉFORME DE LA PÉNIBILITÉ AU TRAVAIL – 1er JANVIER 2015 MISE EN PLACE DU COMPTE PERSONNEL DE PRÉVENTION DE LA PÉNIBILITÉ (C3P) FICHE DE PRÉVENTION DES EXPOSITIONS (FPE)

Rappels

Depuis le 1er février 2012, suite à la réforme des retraites, toutes les entreprises, dès le premier salarié, doivent évaluer la pénibilité au travail en fonction de dix facteurs de risques professionnels. Ces facteurs de pénibilité doivent être évalués lors de l’élaboration du document unique d’évaluation des risques professionnels. Une fiche de prévention des expositions (FPE) doit être mise en place par les entreprises ayant des salariés concernés.

Facteurs de pénibilité (rappels)

  • Travail de nuit
  • Travail en équipes alternantes (3×8)
  • Travail répétitif
  • Milieu hyperbare
  • Manutentions manuelles
  • Postures pénibles
  • Vibrations mécaniques
  • Agents chimiques, poussières, fumées
  • Températures extrêmes
  • Bruit

Les dix facteurs de pénibilité mentionnés ci-dessus correspondent également à dix des 44 familles de risques qui sont analysées lors de l’élaboration du document unique.

Le compte personnel de prévention de la pénibilité a été mis en place le 1er janvier 2015.

Réforme

Depuis le 1er janvier 2015, la réforme de la pénibilité au travail a entraîné la création du compte personnel de prévention de la pénibilité (C3P) ainsi qu’une nouvelle évaluation des seuils de pénibilité auxquels les salariés sont confrontés. La fiche de prévention des expositions (FPE) est mise à jour chaque année par l’entreprise, de même que le C3P par la CNAVTS (Caisse nationale d’assurance vieillesse des travailleurs salariés), permettant ainsi au salarié de suivre le nombre de points acquis tout au long de sa carrière.

Agir pour prévenir les accidents du travail : Analyse et amélioration continue

L’analyse des accidents du travail revêt une importance capitale pour les entreprises. Elle permet de développer une meilleure compréhension des réalités des situations de travail, d’identifier les causes des accidents et d’améliorer les dispositifs de prévention existants afin d’assurer la santé et la sécurité optimales des employés.

L’analyse d’un accident du travail consiste à examiner toutes les causes qui ont conduit à sa survenue, dans le but :

  • De comprendre son origine.
  • D’en tirer des enseignements pour éviter qu’il ne se reproduise, sans chercher à désigner un responsable spécifique.

Cette analyse des accidents du travail nécessite de prendre le temps de comprendre en profondeur leur genèse. Elle permet également d’agir en conséquence pour prévenir leur récurrence. En effet, un accident survenu sur le lieu de travail ne doit pas être considéré comme une fatalité, mais plutôt comme un indicateur de dysfonctionnements au niveau de la situation de travail et, de manière plus générale, de l’organisation de l’entreprise.

La première étape de l’analyse des accidents du travail consiste à recueillir des informations détaillées sur les circonstances entourant l’accident, en interrogeant les témoins, en examinant les rapports et en utilisant toute autre source pertinente. Cette collecte d’informations permet d’avoir une vision claire et précise de ce qui s’est passé.

Ensuite, il est essentiel d’identifier les facteurs contributifs à l’accident. Il s’agit de déterminer les éléments, qu’ils soient matériels, humains ou organisationnels, qui ont favorisé la survenue de l’accident. Cela peut inclure des défaillances techniques, des erreurs humaines, des lacunes dans la formation, des procédures de travail inadaptées, un manque de communication, etc.

Une fois les facteurs contributifs identifiés, il est possible de mettre en place des mesures correctives et préventives. Ces actions visent à éliminer ou à réduire les risques identifiés pour éviter la répétition d’accidents similaires. Cela peut impliquer des modifications des équipements, des procédures de travail, des formations supplémentaires, des actions de sensibilisation, etc.

Il est également important de promouvoir une culture de prévention au sein de l’entreprise. Cela implique de sensibiliser tous les employés à l’importance de la prévention des accidents du travail, d’encourager la remontée d’informations sur les situations à risque, de favoriser la participation active des employés à l’amélioration des conditions de travail et de reconnaître les bonnes pratiques en matière de sécurité.

En résumé, l’analyse des accidents du travail est un outil précieux pour identifier les causes et mettre en place des actions préventives. En combinant une analyse approfondie, des mesures correctives ciblées et une culture de prévention, les entreprises peuvent progresser vers un environnement de travail plus sûr et plus sain pour tous les employés.

Les risques associés au télétravail : prévention et cadre réglementaire

Le télétravail présente indéniablement des avantages, mais il peut également entraîner des risques pour la santé et la sécurité des employés. Il est essentiel de prévenir ces risques en agissant à la fois sur l’aménagement des postes de travail et sur l’organisation du travail. Cet article explore les différents risques et effets du télétravail sur la santé des télétravailleurs, examine le cadre réglementaire entourant cette pratique et propose des mesures de prévention.

Définition du télétravail

Selon le Code du travail, le télétravail se réfère à « toute forme d’organisation du travail dans laquelle un travail qui aurait également pu être effectué dans les locaux de l’employeur est réalisé par un employé en dehors de ces locaux, de manière volontaire, en utilisant les technologies de l’information et de la communication » (Article L.1222-9).

Risques et effets sur la santé

Le télétravail peut effectivement engendrer certains risques liés à l’organisation du travail et à l’aménagement des postes des employés à leur domicile. Les conditions dans lesquelles le télétravail régulier ou occasionnel est pratiqué à domicile peuvent exposer les employés à des risques en matière de santé et de sécurité. Certains des risques identifiés incluent :

  • L’utilisation d’un ordinateur portable avec un petit écran, un pavé tactile et un clavier intégrés.
  • L’absence de clavier et de souris séparés.
  • Le travail effectué sur des surfaces autres qu’un bureau (table de repas, table basse de salon, etc.) avec une chaise non conçue pour cet usage et non réglable.
  • La fatigue visuelle due à de longues heures de travail ou à la présence de reflets sur l’écran, etc.

D’autre part, le télétravail peut entraîner des risques psychosociaux pour les employés, tels que :

  • Un accès plus complexe aux informations.
  • Des problèmes techniques lors de l’utilisation des outils numériques.
  • La complexité des interactions sociales nécessaires pour accomplir le travail.
  • La diminution des moments de convivialité, l’isolement par rapport au collectif, la perte du sentiment d’appartenance.
  • Le contrôle excessif et les actions de reporting du travail à distance.
  • L’isolement et le manque de soutien face au travail et aux problèmes éventuels.
  • L’interrogation sur le sens du travail.
  • La porosité entre la sphère professionnelle et la sphère privée.

Prévention des risques

Mais comment prévenir ces risques potentiels ? Le télétravail doit être intégré à l’approche globale de prévention des risques menée par chaque entreprise. Les mesures de prévention à mettre en place concernent l’organisation du travail, la formation et l’information du personnel encadrant et des employés, ainsi que l’aménagement des postes de travail à domicile.

Compte tenu des effets et des risques potentiels du télétravail sur la santé des employés, il est nécessaire d’inclure cette modalité de travail dans l’évaluation des risques professionnels. Comme pour d’autres risques professionnels, il est recommandé d’associer à cette évaluation :

  • Les employés.
  • Les responsables hiérarchiques.
  • Les instances représentatives du personnel (IRP).
  • Le service de santé au travail, etc.

Cela contribuera à mieux appréhender les difficultés (mais aussi les avantages) liées à cette forme d’organisation du travail et permettra de définir des mesures de prévention appropriées. Voici quelques pistes d’actions possibles à mettre en place au sein d’une organisation :

  • Établir des règles claires et communiquer avec les télétravailleurs.
  • Former les employés et les responsables hiérarchiques.
  • Soutenir le travail de chacun et l’encadrement à distance.
  • Préserver les interactions au sein des équipes de travail.
  • Faciliter l’accès aux équipements numériques.
  • Aménager de manière adéquate les postes de travail à domicile.

Cadre réglementaire du télétravail

La pratique régulière ou occasionnelle du télétravail est encadrée par des mesures réglementaires et conventionnelles. En effet, un accord national interprofessionnel (ANI) a été signé le 19 juillet 2005. En 2012, la loi a introduit dans le Code du travail des dispositions sur le télétravail qui reprennent en partie celles de l’ANI, fixant ainsi les obligations des employeurs et les conditions d’emploi des télétravailleurs.

L’ordonnance n° 2017-1387 du 22 septembre 2017 relative à la prévisibilité et à la sécurisation des relations de travail, ainsi que la loi de ratification de mars 2018, ont redéfini et assoupli le cadre juridique du télétravail et ses modalités de mise en œuvre.

Les dispositions légales actuelles concernant le télétravail se trouvent aux articles L.1222-9 à L.1222-11 du Code du travail et sont complétées par les dispositions conventionnelles du nouvel ANI « pour une mise en œuvre réussie du télétravail » signé en novembre 2020. Cet accord est devenu obligatoire dans le secteur marchand suite à son extension par arrêté en avril 2021.

Ces dernières années, de nombreux accords d’entreprise relatifs au télétravail sont venus compléter ce cadre juridique. La fonction publique n’est pas soumise aux dispositions du Code du travail concernant le télétravail ; des textes spécifiques lui sont dédiés.

Récompenses pour la prévention des risques liés au travail en hauteur dans le secteur de la construction

L’Assurance Maladie-Risques professionnels mène le programme « Risques Chutes Pros BTP« , qui vise à accompagner 300 maîtres d’ouvrage sur 500 opérations de construction depuis 2021. L’objectif est d’intégrer dans les marchés de travaux des mesures permettant de contrôler les risques liés au travail en hauteur, à la logistique, à l’hygiène et aux conditions de travail, ainsi qu’aux interventions ultérieures sur les ouvrages, etc.

Récompensant les initiatives exemplaires en matière de prévention des risques, l’Assurance Maladie-Risques professionnels a récemment distingué cinq opérations de construction identifiées par son réseau.

Les lauréats sont les suivants :

  • Dans la catégorie constructeur de maisons individuelles : CAAP Habitat, pour sa démarche globale soutenue par la Carsat Nord-Est.
  • Dans la catégorie promoteur immobilier : Pro & Immo pour son projet « Les fermes de Michelle », accompagné par la Carsat Sud-Est.
  • Dans la catégorie maître d’ouvrage exploitant : Grand Nancy Thermal Développement pour son opération au Complexe thermal, accompagné par la Carsat Nord-Est.
  • Dans la catégorie collectivité locale et établissement public : Tandem pour son projet de la Maison de santé, accompagné par la Carsat Bourgogne-Franche-Comté.
  • Dans la catégorie bailleur social : Tours Habitat pour son opération « Clos Moreau », accompagné par la Carsat Centre-Val de Loire.
La santé au travail

La loi du 2 août 2021 a introduit des changements importants en matière de santé au travail, mettant l’accent sur la prévention des risques professionnels et le suivi médical des salariés. Voici un résumé des principaux points à retenir de cette réforme :

I. Volet prévention des risques professionnels :

  • Document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP) :

  • Le DUERP doit être mis à jour au moins une fois par an dans les entreprises d’au moins 11 salariés (cette obligation est supprimée pour les entreprises de moins de 11 salariés).
  • Une mise à jour est également nécessaire en cas de décision d’aménagement important affectant les conditions de santé, de sécurité ou de travail, ou lorsque de nouvelles informations sont portées à la connaissance de l’employeur.
  • Les entreprises d’au moins 50 salariés doivent établir un programme annuel de prévention des risques professionnels lors de chaque mise à jour du DUERP.
  • Formation « Santé » du CSE :

  • Les membres du CSE et le référent « harcèlement sexuel et agissements sexistes » doivent bénéficier d’une formation en santé, sécurité et conditions de travail. La durée minimale de formation est de 5 jours pour les élus du CSE lors de leur premier mandat.
  • Le financement de la formation est généralement pris en charge par l’employeur, mais les OPCO peuvent prendre en charge les coûts de formation des entreprises de moins de 50 salariés.
  • Un passeport prévention est créé pour les salariés afin de recenser les formations relatives à la santé et à la sécurité au travail qu’ils ont suivies.
  • Négociation collective :
  • La qualité des conditions de travail devient un nouveau thème facultatif de négociation collective. Les entreprises sont encouragées à aborder ce sujet pour traiter notamment des impacts de la digitalisation et du télétravail sur les conditions de travail et l’organisation du travail.

II. Volet suivi médical des salariés :

  • Visites médicales de reprise :

  • Pour les arrêts de travail résultant d’un accident ou d’une maladie non professionnelle débutant après le 31 mars 2022, une visite médicale de reprise est obligatoire en cas d’absence d’au moins 60 jours (au lieu de 30 jours auparavant).
  • Les visites de reprise restent obligatoires après un congé maternité, une absence pour cause de maladie professionnelle, quelle que soit sa durée, et une absence d’au moins 30 jours pour cause d’accident du travail.
  • Visites de préreprise :

  • Les visites de préreprise peuvent être organisées pour les travailleurs absents depuis plus de 30 jours (au lieu de 3 mois auparavant). L’initiative peut être prise par le salarié, son médecin traitant, les services médicaux de l’assurance maladie ou le médecin du travail.

Visites de mi-carrière :

  • Une visite de mi-carrière doit être organisée à une échéance déterminée par accord de branche ou durant l’année civile du 45e anniversaire du travailleur.
  • L’objectif de cette visite est d’évaluer l’adéquation entre le poste de travail et l’état de santé du travailleur, d’évaluer les risques de désinsertion professionnelle et de sensibiliser le travailleur sur les enjeux du vieillissement au travail et la prévention des risques professionnels.
  • Rendez-vous de liaison :

  • Lorsque l’arrêt de travail dépasse 30 jours, l’employeur doit inviter le salarié à un « rendez-vous de liaison » pour maintenir les liens et discuter des actions de prévention de la désinsertion professionnelle, de l’examen de préreprise auprès du médecin du travail et des mesures d’aménagement du poste et du temps de travail.
  • Surveillance post-exposition professionnelle :

  • La visite médicale post-exposition est organisée dans les meilleurs délais après la cessation de l’exposition des salariés à des risques particuliers pour leur santé ou leur sécurité, ou avant leur départ en retraite.
  • Les risques particuliers concernent l’exposition à des substances ou conditions dangereuses telles que l’amiante, le plomb, les agents cancérogènes, les rayonnements ionisants, etc.

III. Autres aspects :

  • Les services de santé au travail sont renommés « services de prévention en santé au travail ».
  • La loi permet de sanctionner tout harcèlement à connotation sexuelle ou sexiste.
  • Le rôle des médecins du travail est accru, mais d’autres professionnels de santé peuvent également participer à la prévention en santé au travail.

Ces changements visent à renforcer la prévention des risques professionnels, à améliorer le suivi médical des salariés et à assurer de meilleures conditions de travail.

Comprendre les Risques Professionnels Liés au Bruit

 Dans divers environnements de travail, le bruit représente un danger non seulement désagréable, mais aussi pour l’ouïe. Il est essentiel de prendre en compte certaines caractéristiques du bruit pour évaluer les risques professionnels associés :

Intensité : L’intensité sonore se mesure en décibels. À partir de 80 dB, le risque de lésions auditives permanentes peut apparaître. Plus l’intensité sonore est élevée, plus le risque pour l’oreille est grand.

Durée : Tout comme l’intensité sonore, plus la durée d’exposition au bruit est longue, plus les risques pour l’ouïe sont importants et peuvent causer des lésions internes irréversibles.

Fréquence : Les fréquences aiguës, en particulier de 4000 Hz à 8000 Hz, sont les plus dangereuses pour l’audition et la santé des salariés.

Il existe différents types de bruit, tels que les bruits continus qui persistent dans la durée, et les bruits intermittents et impulsionnels, tels que les détonations ou les coups de feu, qui peuvent représenter des menaces plus importantes que les bruits continus.

Échelle des Décibels : L’intensité des sons est mesurée en décibels sur une échelle allant de 0 dB(A), seuil de l’audition humaine, à environ 120 dB(A), limite supérieure des bruits courants de notre environnement.

Seuil de Référence : 0 dB(A) Le seuil de référence correspond au niveau minimal de pression acoustique permettant la perception des sons par nos oreilles. À ces niveaux faibles, nous pouvons percevoir les sons produits par notre propre corps, ce qui peut être déstabilisant.

Niveaux d’Apparition des Effets Extra-Auditifs : 40-50 dB(A) L’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère que des effets extra-auditifs du bruit peuvent se manifester pour des niveaux d’exposition supérieurs à 40 dB(A) la nuit et à 50-55 dB(A) en journée. Ces effets incluent des troubles du sommeil, une gêne, une augmentation des risques cardiovasculaires, des difficultés de concentration et des retards dans les apprentissages.

Seuil de Risque pour l’Audition : 80 dB(A) Ce seuil est important pour la réglementation en matière de bruit au travail. À partir de 80 dB(A), l’employeur doit informer les salariés des risques auditifs encourus, proposer un contrôle facultatif de l’audition et mettre à disposition des protections auditives adaptées. Au-delà de 80 dB(A), la durée d’exposition au bruit devient un facteur de risque crucial.

En vertu de la réglementation sur le bruit au travail, le port de protections auditives est obligatoire lorsque le salarié est exposé à un niveau de 85 dB(A) pendant une période de 8 heures.

Seuil de Douleur : 120 dB(A) Le seuil de 120 dB(A) marque le début de la douleur auditive. À ce stade, nos oreilles nous font mal, mais il est souvent trop tard pour réagir.

Conséquences sur l’Organisme : Effets sur l’Audition :

  • Fatigue auditive : Elle se manifeste par une perte temporaire de l’audition, accompagnée de bourdonnements ou de sifflements dans les oreilles, appelés acouphènes. Après une période de repos, l’audition revient à la normale.
  • Traumatisme acoustique : Il s’agit d’une perte soudaine de l’audition causée par un bruit bref et intense, tel qu’une explosion, pouvant entraîner une perforation du tympan.
  • Surdité Professionnelle : Elle survient suite à une exposition chronique à un traumatisme sonore dans le cadre du travail et provoque une perte irréversible de l’audition. Les salariés travaillant à proximité de machines présentent un risque plus élevé.

Selon l’Observatoire de la santé visuelle auditive, plus de 3 millions de travailleurs français sont exposés à des bruits supérieurs au seuil de danger pour la santé auditive (85 dB) sur leur lieu de travail. Cela entraîne environ 2 500 déclarations de surdité professionnelle chaque année, avec près de 700 reconnaissances.

De plus, le coût moyen d’une surdité professionnelle indemnisée par la sécurité sociale est estimé à environ 100 000 euros, ce qui en fait l’une des maladies professionnelles les plus coûteuses selon le ministère du travail.

Autres Effets sur l’Organisme : Outre les effets auditifs, le bruit au travail génère du stress, résultant d’une exposition sonore intense et continue. Cela peut entraîner des réactions nerveuses et endocriniennes affectant :

  • Le système cardiovasculaire,
  • Le système immunitaire,
  • Le rythme et la qualité du sommeil,
  • L’équilibre psychologique et comportemental (nervosité, agressivité, dépression…).

Selon de nombreuses études, les troubles cardiovasculaires, en particulier l’hypertension, sont plus fréquents chez les travailleurs exposés au bruit sur leur lieu de travail. Ces troubles ont tendance à augmenter avec le temps, en fonction du type d’activité professionnelle et d’autres facteurs de stress liés au travail.

Le bruit peut donc entraîner de l’anxiété, du stress, des perturbations du sommeil et des troubles cardiovasculaires tels qu’une augmentation de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle.

Conséquences sur le Travail :

  • Difficulté de communication entre les salariés : Le bruit au travail peut rendre difficile les échanges verbaux entre les salariés, ce qui peut conduire à des accidents de travail lorsque les consignes de sécurité ne sont pas correctement comprises en raison du bruit ambiant, voire lorsque les alertes ne sont pas bien entendues. Par exemple, sur un chantier de construction, le bruit des machines peut masquer presque complètement la voix humaine.
  • Stress, diminution de la concentration et des performances cognitives : Selon des études, de nombreux travailleurs se sentent gênés par le bruit sur leur lieu de travail (59%) et éprouvent de la fatigue en fin de journée (80%). Environ 95% des travailleurs ont constaté une baisse de leur concentration et de leur efficacité au travail en raison d’un environnement bruyant. Près d’un quart des travailleurs ressentent de la frustration, de l’irritation et du stress liés au bruit. En France, une étude estime que le coût annuel de l’exposition au bruit en milieu professionnel est de 19,2 milliards d’euros.

Prévention des Risques liés au Bruit :

  • Utilisation d’Équipements de Protection Individuelle (EPI) : La meilleure solution consiste à utiliser des protections auditives individuelles, idéalement sur mesure pour assurer un ajustement parfait et un confort optimal. L’inconfort d’un EPI peut décourager son port par les salariés. Selon l’INRS, si une protection auditive n’est pas portée pendant 2 minutes, elle perd 25% de son efficacité, et si elle n’est pas portée pendant 2 heures, elle perd 75% de son efficacité. Les employeurs doivent donc fournir des solutions de protection auditive efficaces et confortables à leurs salariés, tout en les sensibilisant aux risques liés à l’exposition au bruit pour optimiser leur utilisation.
  • Action sur les Équipements : Il est essentiel de réduire autant que possible la source du bruit, que ce soit en modifiant les machines ou les équipements bruyants. Des changements techniques simples peuvent être très efficaces, tels que l’installation de silencieux d’air comprimé, l’utilisation de lames de scie amorties, l’achat d’équipements moins bruyants (les niveaux sonores émis doivent être affichés par les fabricants), le revêtement des parois du local avec des matériaux absorbants le son, la séparation des sources de bruit dans un atelier, etc.

En conclusion, le bruit au travail présente des risques pour la santé auditive et globale des travailleurs. Il est essentiel de prendre des mesures de prévention, telles que l’utilisation d’équipements de protection individuelle et la réduction de la source de bruit, pour garantir un environnement de travail sûr et préserver la santé des employés.

Évaluation des risques psychosociaux

Une brochure pour intégrer la prévention dans l’évaluation des risques professionnels

Dans un contexte marqué par la pandémie de la Covid-19, il est crucial de ne pas négliger les autres risques professionnels, qui peuvent même être amplifiés dans cette situation exceptionnelle.

L’objectif de la nouvelle brochure de l’Institut de Recherche en Santé au Travail (IRNS France), intitulée « Évaluer les facteurs de risques psychosociaux« , est d’aider les entreprises à intégrer la prévention de ces risques dans leur document unique d’évaluation des risques professionnels, tout en mettant en place des mesures efficaces.

Cette brochure propose une approche structurée pour évaluer les risques psychosociaux au sein de l’entreprise, en répondant aux questions les plus fréquentes sur ce sujet. Elle fournit une grille d’évaluation des principaux facteurs de risques psychosociaux, appelée l’outil RPS-DU. Ce dernier permet de recueillir des informations précieuses pour identifier les situations à risque et orienter les actions de prévention.

La brochure comprend également un tableau de synthèse qui facilite la visualisation des résultats de l’évaluation des risques psychosociaux. Il permet de mettre en évidence les domaines où des mesures de prévention sont nécessaires.

Enfin, la brochure propose des exemples concrets de pistes d’action dans un tableau de suivi des actions de prévention. Ces exemples visent à inspirer les entreprises dans la mise en place de mesures concrètes pour prévenir les risques psychosociaux et améliorer la santé mentale des travailleurs.

Il est essentiel de reconnaître que les risques psychosociaux peuvent avoir un impact significatif sur le bien-être des employés et sur la performance globale de l’entreprise. En intégrant la prévention de ces risques dans l’évaluation des risques professionnels, les entreprises démontrent leur engagement envers la santé et le bien-être de leurs collaborateurs.

En conclusion, la brochure « Évaluer les facteurs de risques psychosociaux » de l’IRNS France offre aux entreprises un guide pratique pour évaluer ces risques et mettre en place des mesures de prévention efficaces. En prenant en compte les risques psychosociaux, les entreprises favorisent un environnement de travail sain, propice au bien-être des employés et à leur épanouissement professionnel.

La souffrance au travail

Un enjeu majeur pour la santé mentale des travailleurs

La souffrance au travail est un phénomène préoccupant qui affecte la santé mentale des individus. Elle se manifeste sous forme de détresse psychologique causée par le travail lui-même ou le contexte dans lequel il s’inscrit. Les conséquences de cette souffrance sont multiples, allant des troubles mentaux tels que la dépression aux problèmes physiques.

Divers facteurs peuvent contribuer à la souffrance au travail. Parmi eux, on retrouve :

  • une pression intense due à des exigences élevées
  • un manque de soutien de la part des supérieurs hiérarchiques
  • un déséquilibre entre le salaire perçu et les heures de travail effectuées
  • un investissement excessif de la part des travailleurs.

Une étude menée par Malakoff Humanis en 2022 révèle que les troubles psychologiques sont devenus la deuxième cause d’arrêts maladie, juste après les maladies ordinaires. Depuis 2016, le nombre de salariés en arrêt maladie a augmenté de plus de 40% chaque année. Les jeunes, les femmes, les managers et les familles monoparentales sont particulièrement touchés par cette problématique. Le secteur de la santé enregistre le plus grand nombre de salariés en arrêt maladie (53%).

En dehors de la période de la pandémie de COVID-19, les troubles psychologiques ont pris la deuxième place dans les motifs d’arrêts maladie en 2022, dépassant ainsi les troubles musculosquelettiques. Les arrêts liés à des problèmes psychologiques concernent principalement les personnes élevant seules leurs enfants, les femmes, les managers et les jeunes. Ils sont plus fréquents dans les secteurs de la santé et du transport.

Une analyse des données montre également une augmentation des arrêts de longue durée et des arrêts multiples au fil des années. En 2022, la durée moyenne des arrêts de longue durée était de 97 jours. Cette tendance s’explique en partie par le vieillissement de la population active, mais aussi par la hausse des arrêts pour motifs psychologiques, qui sont généralement plus longs que les autres. Les arrêts multiples sont également en augmentation, touchant principalement les aidants et les salariés du secteur de la santé.

Les jeunes salariés semblent être particulièrement vulnérables sur le plan de la santé mentale. Des études indiquent qu’ils ont des taux plus élevés de problèmes tels que le mauvais sommeil, le stress et l’épuisement émotionnel. Ces difficultés sont souvent attribuées à des facteurs liés au contexte professionnel, tels que l’intensité et la durée du travail, les relations de travail détériorées, les difficultés financières et les problèmes psychologiques personnels.

Malgré ces constats alarmants, près d’un quart des salariés renoncent encore aux soins ou les reportent, ce qui aggrave davantage leur état de santé.

Les dirigeants d’entreprise prennent de plus en plus conscience de l’importance de l’absentéisme et mettent en place des mesures pour y faire face. Selon une enquête, plus de 40% d’entre eux considèrent l’absentéisme comme un sujet crucial au sein de leur entreprise. Les entreprises de plus de 50 salariés sont les plus préoccupées, avec 70% d’entre elles jugeant leur niveau d’absentéisme moyen à élevé. De plus en plus d’entreprises ont constaté une augmentation des coûts liés à l’absentéisme ces dernières années.

Les dirigeants sont également plus nombreux à mettre en place des dispositifs pour lutter contre l’absentéisme, tels que des tableaux de bord, des actions de prévention (stress, nutrition, addictions, etc.) et des contrôles médicaux des arrêts de travail.

Face à la souffrance au travail, il est essentiel de pouvoir l’identifier et de prendre des mesures appropriées. Cela peut inclure des discussions avec l’employeur pour réduire la charge de travail, envisager des formations ou des changements professionnels, ou encore rechercher des solutions de médiation ou de changement d’équipe en cas de problèmes relationnels ou de harcèlement.

En conclusion, la souffrance au travail est un problème préoccupant qui a des répercussions importantes sur la santé mentale des travailleurs. Il est essentiel que tant les employés que les dirigeants prennent des mesures pour la prévenir, la détecter et y faire face, afin de créer des environnements de travail sains et épanouissants.

Guide pour les employeurs : prévention des risques

Créer une culture de prévention des risques professionnels

La loi du 2 août 2021 intitulée « Santé au Travail » a récemment renforcé les mesures de prévention des risques professionnels au sein des entreprises. Bien que les risques liés au travail soient inévitables, il est possible de les réduire et de les maîtriser. Dans cette optique, la Carsat Hauts-de-France a mis en place des actions visant à améliorer les conditions de travail des salariés tout en favorisant la compétitivité des entreprises grâce à une gamme complète de services comprenant des aides financières, des formations et des conseils.

Les missions de la Carsat Hauts-de-France

La Carsat Hauts-de-France, qui signifie Caisse d’Assurance Retraite et de la Santé au Travail, se concentre sur trois missions principales. Tout d’abord, elle s’engage dans la prévention des risques professionnels en entreprise. Ensuite, elle accompagne et soutient les assurés qui rencontrent des difficultés. Enfin, elle prépare et verse les pensions de retraite aux salariés du régime général et aux travailleurs indépendants. En tant qu’interlocuteur privilégié des entreprises, en particulier des PME, des TPE, des indépendants et des salariés de la région Hauts-de-France, la Carsat joue un rôle crucial tout au long de la vie professionnelle des individus, y compris lors de leur départ à la retraite.

 Sensibilisation et accompagnement pour réduire les risques professionnels

En tant qu’assureur du risque professionnel, la Carsat joue un rôle clé dans la définition des primes et cotisations des entreprises, ainsi que dans leur démarche de prévention. Les enjeux liés à la santé au travail sont multiples, allant de la santé et de la sécurité des salariés à l’impact de l’absentéisme sur la performance des entreprises. Afin de relever ces défis, il est essentiel de sensibiliser, accompagner, outiller, former et conseiller les entreprises dans leur démarche de prévention. La Carsat met en place des interventions directes sur les lieux de travail et collabore avec les différentes branches professionnelles pour évaluer les risques professionnels. De plus, elle favorise l’autonomie des entreprises en offrant des formations aux salariés. Pour cela, la Carsat mobilise une équipe d’ingénieurs et d’experts pluridisciplinaires. Elle dispose également d’un Centre de Mesures Physiques et d’un laboratoire de chimie-toxicologie, qui effectuent des évaluations et des analyses pour réduire l’exposition des salariés à des risques physiques, tels que les nuisances sonores ou les substances chimiques.

 Prévention des risques professionnels pour une meilleure efficacité

L’utilisation des services de la Carsat présente de nombreux avantages pour les entreprises. Des témoignages d’entreprises comme Mondial Relay et les Terrasses de la Scarpe, un Ehpad, soulignent les bénéfices obtenus grâce à la mise en place de mesures de prévention. Ces mesures vont au-delà de l’utilisation d’outils techniques et permettent de repenser les postes de travail pour les rendre plus efficaces et rentables. La Carsat propose également des aides financières aux entreprises de moins de 200 salariés, ce qui leur permet d’investir dans des équipements, des formations et des conseils dispensés par des consultants. Ces aides ont un impact positif sur le développement économique local.

La Carsat Hauts-de-France joue un rôle essentiel dans la création d’une culture de prévention des risques professionnels au sein des entreprises. En sensibilisant, accompagnant et formant les employeurs, elle contribue à améliorer les conditions de travail des salariés et la rentabilité des entreprises. Les services et les aides financières proposés par la Carsat permettent aux entreprises de mettre en place des mesures de prévention efficaces et de favoriser un environnement de travail sûr et productif.